Association Loi 1901
– Toulouse –
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Conférence du 16 décembre 2024, de Monsieur Rémy Pech
Si l’œuvre de Jean Jaurès est bien connue au plan national et international, on ignore trop l’action qu’il a menée à Toulouse dès 1883. C’est de cela que M. Rémy Pech a choisi de nous parler. Il est parfaitement qualifié pour le faire étant professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse, ex doyen de la faculté Toulouse-Le Mirail et président de l’association des Amis de Jean Jaurès. Il nous a proposé un exposé en trois parties : Jaurès universitaire, Jaurès journaliste et Jaurès élu du peuple.
Portrait de Jean Jaurès, par Nadar – source Wikimedia Commons
En 1878 Jean Jaurès a été reçu premier à l’École Normale Supérieure et, en 1881, troisième à l’agrégation de philosophie derrière Bergson. Professeur au lycée d’Albi, il y enseigna la philosophie pendant trois ans.
En 1883, il est chargé de cours, puis maître de conférences à la faculté de lettres de Toulouse ; il écrit plusieurs articles sur le fonctionnement de l’Université. Élu en 1890 conseiller municipal lors d’une élection partielle, puis adjoint au maire, il est délégué à l’instruction publique. Il se fait le défenseur des « Universités Régionales » et milite en particulier auprès de nombreuses personnalités pour que Toulouse soit dotée d’une faculté de médecine ; à la différence de Montpellier et de Bordeaux, Toulouse n’avait jusque-là qu’une école de médecine. Il obtient satisfaction et en 1891 est inaugurée la Faculté de Médecine des Allées Jules‑Guesde ; il prend la parole en présence de Sadi Carnot. En 1892, il inaugure la Faculté des Lettres. La même année, il soutient sa thèse principale : « De la réalité du monde sensible » et devient docteur en philosophie. Le jeudi il donne des conférences dans la salle du Sénéchal. Il habite avenue François-Frizac ; il fréquente le « Bibent » et le Café de la Paix.
À partir de 1881 il écrit dans « La Dépèche » 1 312 articles de 1e page, toujours acceptés malgré les périodes de tension qui ont pu exister de temps à autre entre Radicaux et Socialistes. En 1898 il devient co-directeur de « La Petite République » et ne cesse d’écrire sur l’unité du Parti socialiste. Il prend position et fait de nombreuses interventions pour la réhabilitation de Dreyfus. Dans les discussions concernant la séparation de l’Église et de l’État, il soutient Émile Combes, mais fait preuve de modération : respect du clergé, autonomie cultuelle de l’Église, entretien des églises par l’État. En avril 1904 il fonde « L’Humanité ».
Intègre et visionnaire, il a œuvré pour le désarmement, la paix, le rapprochement franco-allemand, l’éducation populaire, le patois, et contre la peine de mort et les excès du colonialisme.
Localement, il fit ouvrir des écoles maternelles dans plusieurs quartiers de Toulouse, au sein des écoles primaires. Il défendit la culture et il figure à ce titre sur la fresque de la salle des Illustres de la mairie du Capitole intitulée « La promenade des rêveurs » peinte par Henri Martin. En 1891 il s’interposa lors de la grève des transports entre les ouvriers et leur chef Firmin Pons dit « L’empereur Pons » et put obtenir que la durée de travail passe de 90 heures par semaine à 60… Il participa à l’inauguration de la Bourse du Travail place Saint-Sernin où il prit la parole.
Petit à petit il s’imposa en définitive comme le leader du socialisme français.
On ne peut pas ignorer enfin les discours et écrits de Jean Jaurès concernant des auteurs et poètes contemporains (Ibsen, Rimbaud, Verlaine, Hugo…) qui constituent autant de critiques aiguisées et profondes d’un « liseur », qualificatif qu’il s’était lui-même attribué. L’éditeur Sables de Toulouse les a rassemblés dans un ouvrage intitulé « Portraits littéraires et artistiques ». Ils enrichissent encore l’image et la personnalité de cet homme exceptionnel.
La reconnaissance de son œuvre se manifeste entre autres par le nom des allées Jean‑Jaurès à Toulouse, son buste par André Abbal (square Charles-de-Gaulle, Toulouse), celui par Paul Ducuing (départ du Grand escalier du Capitole, Toulouse), sa représentation dans la galerie Moretti sous les arcades de la place du Capitole (Toulouse), sa panthéonisation en 1924, il y a juste cent ans. Il s’agit de reconnaissance pour ses idées et ses actions mais pas par idolâtrie.
M. Rémy Pech (Photo : Christian Virenque)
Voir la page Rémy Pech des éditions Privat.